Artension n°188
Dans ce numéro
Le jouet, le design, l’art contemporain
« On fait une poupée autour d’un doigt blessé, d’un coeur brisé, d’un souvenir choyé », nous rappelle Barbara Tissier (p. 60). Une poupée dans un soulier, le soir de Noël, est d’abord la promesse d’une consolation. Celles que fabrique Tatiana Horod, réfugiée en France depuis que la Russie a déclaré la guerre à son pays, revêtent des costumes traditionnels ukrainiens. Et sous les bombes israéliennes ou iraniennes, cet automne, cramponner un jouet permet d’avoir moins peur.
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Si les consoles de jeux vidéo simulent surtout des combats (p. 64), une voiture miniature ou un train électrique stimulent l’envie de voyager. L’artiste Pierre Nigault en a longtemps modelé, en papier mâché, avant de leur préférer la peinture. Car les passerelles abondent, entre jouet et sculpture, nous explique le designer Christophe Gilet (p. 52). Les artistes bruts empruntent sans cesse de tels ponts (p. 58). Mais rares sont les héros de l’art contemporain qui s’y aventurent sans déraper (p. 62).
Un jouet « suffisamment bon », comme dit le pédiatre Donald Winnicott, doit laisser s’exprimer la créativité de l’enfant, garante de l’épanouissement de l’adulte. Il s’en souvient en arpentant les musées dans lesquels trônent l’ours en peluche ou la trottinette de ses jeunes années (p. 70). Plongeons donc, en cette fin d’année, parmi de tels trésors à bon marché. Leur fréquentation nous invite à envisager la douceur. Françoise Monnin
Titouan Lamazou
« Mes œuvres constituent un manifeste écologique. » Titouan Lamazou, interviewé par Benoit Gaboriaud, parle de son engagement passionné pour la biodiversité polynésienne, menacée par le changement climatique. Il évoque ses débuts avec Éric Tabarly, ses collaborations scientifiques, et la concrétisation de son projet ambitieux de bateau-atelier itinérant, conçu pour réunir artistes et chercheurs dans une aventure collective riche de sens. (pages 44 à 49)
Artistes en galère : le milieu de carrière
Qui s’intéresse au sort des artistes en milieu de carrière ? Laurence d’Ist aborde ici les difficultés rencontrées par ceux qui, autour de la cinquantaine, peinent à se faire une place dans un milieu souvent fasciné par la jeunesse. Elle dénonce le favoritisme pour les jeunes talents, soutenus par de nombreux prix, et prône un rééquilibrage. Seules de rares initiatives, comme le prix Viviane-Esders pour les photographes de plus de 60 ans, tentent de combler ce manque de visibilité. Laurence D’Ist appelle à une réforme qui valoriserait ces artistes expérimentés mais négligés. (pages 76 à 78)
Coup de foudre : Tereza Lochmann
Tereza Lochmann bouleverse la gravure traditionnelle en la propulsant au rang d’art majeur, comparable à la peinture et à la sculpture. Armée de techniques de gravure audacieuses, elle incise, brûle et sculpte des bois récupérés pour créer des œuvres où les couleurs intenses et les grands formats dominent. Ses inspirations, glanées lors de résidences en Espagne, aux Philippines, et en France, explorent des thèmes puissants et universels comme la tauromachie et le chamanisme, donnant à ses créations un caractère brut et captivant qui fascine le regard. (pages 4 à 11)
Le Cahier PRO
Le Cahier pro explore la régionalisation des foires d’art, avec des événements tels que Asia Now et AKAA qui diversifient les échanges internationaux. Arts en résidence formalise l’accompagnement des artistes avec des partenariats et des critères d’adhésion stricts. Élisa Farran, passionnée par la médiation au musée Estrine, valorise chaque rencontre. Enfin, onze jeunes curatrices relient des œuvres contemporaines et patrimoniales au Frac Île-de-France. (pages 103 à 110)
Histoire de…
Philippe Jousse, passionné d’art et de mobilier, démarre aux puces de Saint-Ouen et devient une figure incontournable avec sa galerie Jousse entreprise dédiée aux designers modernes. Jean-Noël Drouin transforme sa passion en un musée méditerranéen unique, le musée du Niel. Victor Secretan redonne vie au château d’Aubenas, nouveau centre d’art régional, tandis que Jean-Luc Bourdila fait de Gisors un haut lieu de l’art singulier avec le Grand BAZ’ART. (pages 14 à 20)